Aller au contenu principal
Publié le 26/04/2022

Abel Chéret, poète et chanteur pop électro

#Focus

Le vendredi 15 avril 2022 nos kiosqueuses Louka et Mélanie ont rencontré le chanteur Abel Chéret pour une interview. L’artiste est sur la fin de sa tournée de son EP Amour Ultra Chelou et se produit à La Bouche d’Air le 3 mai 2022. Il prépare actuellement son prochain EP qui sortira en automne prochain.

  • KN : Comment vous sentez vous aujourd'hui ?
Abel : Je suis très content d’être de retour à Nantes. C’est une ville très importante pour moi car j’ai fais mes études ici et j’ai encore de la famille qui y habite. Je m’y sens presque comme chez moi ! En plus, je connais La Bouche d’Air car on y a fait une résidence avant le confinement et je suis revenu ici pour Chansons Primeurs il y a moins d’un mois. Comme je connais le lieu, je me sens détendu. 
  • KN : Actuellement vous êtes sur la fin de votre tournée, comment vous l’avez vécue ?
Abel : Ça a commencé de manière chaotique car le début était avant le Covid. On avait un bon élan avec quelques dates cools, des résidences puis le Covid est arrivé. On a mis en place des choses comme les lives à la maison mais ça ne me plaisait pas trop, et on a réédité l’EP avec de nouveaux titres. On a repris les concerts récemment et c’était un énorme soulagement de retourner sur scène. Donc c’était chaotique, hyper fort et intense car c’était aussi le début du développement de mon projet. J'ai eu la chance d’avoir un tourneur, Zamora, qui m’a permis d’aller faire des résidences pendant le Covid mais je me suis rendu compte que sans les concerts j’avais du mal à vivre.
  • KN : Votre style a évolué au fil du temps, il est passé du rock à la pop. Comment vous le décrivez maintenant, en trois mots ?
Abel : Je dirai que c’est de la chanson pop électro.
La chanson parce que je suis très attaché au texte. J’ai une écriture qui (parfois) se rapproche de l’écriture classique, voire poétique classique. (comme le fait l’écrivain Verlaine par exemple).
Je dirai aussi “pop” car j’adore le côté mélodique et les refrains accrocheurs. J’aime l’harmonie qui vient aussi du jazz mais qui est très utilisée dans la pop. 
Enfin, “électro” parce que je crée beaucoup de façon électronique, avec mon ordinateur etc. Les arrangements sont souvent électroniques.
  • KN : Plus jeune vous faisiez partie d’un groupe de rock. Est-ce que vous avez une préférence entre ces deux styles ? (la pop et le rock).
Abel : Ce sont deux énergies différentes. En tout cas, c'est comme cela que j’appréhendais le rock. Je n’avais jamais pris de cours de chant à l’époque. J’y allais juste avec l’énergie que j’avais, de l’énergie pure. C’était à la limite entre le parlé, le cri et le chant... je ne sais pas trop. C’était assez cathartique et cela me permettait de sortir mes émotions. C’était très libérateur. C’est comme ça que j’ai vécu mon expérience de chanteur de rock. Il y avait un côté très instinctif. 
Pour moi, dans la pop il y a plus un côté de recherche, un travail plus approfondi sur l'harmonie et la mélodie, tout en restant instinctif pour créer des choses spontanées et simples. La pop est un style accessible, ce n’est pas hyper intellectualisé. C’est donc une balance entre la recherche de la mélodie parfaite et le côté simple d’accès pour l’oreille. C’est intéressant je trouve pour travailler le côté musical et fin et le côté hyper spontané et accrocheur.
  • KN :  Est-ce qu’un jour vous pensez mélanger ces deux styles ?
Abel : C’est marrant que tu me poses cette question car je travaille sur mon prochain EP qui sortira cet automne et j’essaye de retrouver cette énergie dans le chant que j’avais dans le rock. C’est-à-dire avec plus de tension dans la voix, d’investissement et moins de nonchalance et de retrait comme j’ai pu le faire sur mon premier EP. Ce ne sera pas un EP de rock mais il y aura cette recherche sur la voix un peu plus investie.
  • KN : Est-ce que vous vous considérez comme un poète ?
Abel : C’est gentil de poser la question mais... je pense que la poésie est un peu partout. Dans la musique il faut qu’il y en ait sinon pour moi ce n’est pas très intéressant. Mais la vie aussi peut être de la poésie, une façon d'appréhender les choses, la façon de parler aux gens, la façon de jouer avec la vie, de jouer avec les mots, avec les situations ; ça c’est de la poésie pour moi. La poésie c’est le jeu. J’essaie de transmettre ça. J’aime beaucoup la poésie brute, littéraire, les classiques comme Baudelaire et je m'intéresse aussi à la poésie contemporaine mais je n’en suis pas encore un spécialiste. J’en lis de plus en plus, je trouve ça très inspirant parce qu’on s’échappe de la volonté de dire des choses directes et concrètes. On est plus dans le ressenti, dans l’image ; ce sont des choses qui me parlent et que j’essaie de faire quand j’écris. 
  • KN : On a remarqué que les thèmes qui revenaient sur votre EP Amour Ultra Chelou étaient l’amour, les femmes, le sexe. Pourquoi ceux-là en particulier ?
Abel : *rires* C’est vrai que cet EP parle particulièrement d’amour, de passion et de relations charnelles parce que quand je l’ai écrit à l’époque, en 2017, j’étais passionnément amoureux. Tout ce que j’écrivais qui n’avait pas de lien avec ces sensations, ces émotions, ça ne marchait pas. Et au contraire, tout ce que j’écrivais qui y était relié étaient des chansons qui me touchaient plus et ce sont celles que j’ai gardé. Ce sont celles qui étaient les plus sincères, je pense.
  • KN Est-ce que vous allez écrire sur des thèmes différents dans votre prochain EP ?
Abel : On en parlait avec mon manager Jérémie, on essayait de trouver un titre pour le prochain EP. À la fois je constate que toutes les chansons que j’ai écrite ne parlent pas vraiment d’amour mais, en même temps, elles parlent de la désillusion de l’amour. Ça a quand même un lien avec l’amour mais plus avec son côté négatif. Comme si c’était un cycle : l’amour est fort, il meurt, il renaît. Pour l’écriture de cet EP, avec le climat actuel (de guerre, de pandémie etc.), je voyais surtout un côté négatif. Je pense que cet EP parle de ce côté-là, plus obscur
  • KN : Dans quel environnement écrivez- vous ? Est-ce que vous écrivez de manière manuscrite ou plutôt sur ordinateur, téléphone ?
Abel : Il y a un peu de tout. Par exemple, pour mon prochain EP je me suis enfermé pendant deux semaines à la Bourboule près des montagnes parce que je connaissais quelqu’un qui m’a prêté son appartement. J’ai besoin de m’isoler avant que la machine ne se lance.
J’y ai écris sur un cahier et sur mon ordinateur avec un micro pour m’enregistrer. Au départ j’écrivais beaucoup de façon manuscrite et une fois que j’ai mes idées après je passe assez vite à l’ordinateur. Je trouve que le traitement de texte permet de cadrer tout ça et j’aime bien ce côté structuré comme quand on voit un poème écrit avec ses strophes, sa carrure. C’est pratique et ça permet une mobilité du texte.
Parallèlement à ça, je m’enregistre aussi, soit j’ai une mélodie qui me plait, soit une phrase. Les deux se nourrissent et se construisent, ça fait une sorte de canevas et après ça fait une chanson. 
  • KN : Est-ce que vous avez des tics, des habitudes avant de monter sur scène ?
Abel : J’ai besoin de m’isoler un peu, de me plonger avant le concert. De faire des exercices vocaux, de me détendre, d’être un peu seul ; d’être dans le concert avant de rentrer en scène. Et après, avec Franck Camerlynck qui m’accompagne à la batterie, on se prend dans nos bras et on se dit de prendre du plaisir avant de commencer le concert. C’est un peu un rituel pour se convaincre de le faire, pour lâcher prise.
  • KN : Vous avez participé à plusieurs premières parties d’artistes connus. Est-ce qu’il y a un souvenir en particulier qui vous revient ?
Abel : Oui j’ai fait les premières parties de Vanessa Paradis et Juliette Armanet par exemple. Lors de la première date que j’ai faite avec Vanessa Paradis, elle est venue me voir avant que je monte sur scène pour faire les balances. Moi j’étais comme un enfant. Elle m’a dit qu’elle avait écouté mon EP, que si j’étais là c’est parce qu’elle l’avait aimé. Ça m’a beaucoup touché, j’ai trouvé ça très classe. Pour sa dernière date, elle m’a invité dans sa loge, je lui ai offert un bouquin qui me parlait et elle m’a pris dans ses bras et elle m’a remercié d’être venu, d’avoir partagé ce moment avec elle. J’étais un peu figé, je ne savais pas trop comment réagir mais c’était hyper bienveillant, humain. Ce n’était pas une histoire d’image ou quoi, je pense qu’elle n’a plus rien à prouver à personne. Elle est très humaine et très forte.
Juliette Armanet je l’avais déjà vu à Paris car elle était cliente dans l’épicerie bio dans laquelle je travaillais avant et quand je l’ai revue au Stéréolux je lui ai raconté ça, il y avait une petite connexion marrante c’était cool. Elle est très sympa.
  • KN : Justement comme on parle d’autres artistes et pour clôturer cette interview, est-ce que vous auriez un artiste de la métropole Nantaise à nous recommander, que vous appréciez en ce moment ?
Abel : J’aime beaucoup Dominique A. Sinon Coline Rio, qui est suivie par Trempolino je crois. C’est l’ancienne chanteuse de Inuit. Sinon il y a Dimoné qui passe à la Bouche d’Air le 5 mai, je l’aime beaucoup. J’aime bien la programmation de la Bouche d’Air et le Stéréolux en globalité.
Merci beaucoup pour cette interview ! 
- Louka & Mélanie
Crédits photos : Emeric Leprince

En images

J'avale - Abel Chéret